Le jeudi midi, j’ai pris une décision impulsive : partir au Portugal. La réservation était faite en un clin d’œil, les billets d’avion et l’hébergement confirmés. Le lendemain matin, je m’envolais pour Porto. Je n’avais rien préparé, rien planifié, juste une idée vague de ce que je voulais vivre : un peu de liberté, de découvertes, de photo, et un peu d’évasion. Mais surtout, c’était une première : voyager seule.
Je ne savais pas exactement à quoi m’attendre, mais je savais que ce serait une aventure. Une aventure où je me serais confrontée à moi-même. Pourtant, une fois arrivée, je me suis retrouvée plongée dans un océan d’incertitudes. La réalité du voyage solo m’a frappée de plein fouet. Au début, c’était surtout l’appréhension qui dominait. Je me suis sentie seule, triste, perdue. J’ai commencé à me poser mille questions, mais étrangement, jamais les bonnes. Pourquoi avais-je fait ça ? Pourquoi m’être lancée dans l’inconnu sans préparation ? Est-ce que j’étais prête pour cette expérience ?

Avec seulement quelques mots d’anglais dans mon vocabulaire et aucun portugais, je me suis rapidement rendu compte que la communication allait être un défi. Les habitants étaient accueillants, mais la barrière linguistique était bien réelle. Heureusement, j’avais mes deux appareils photo avec moi. Mes deux fidèles compagnons, prêts à capter le moindre moment, la moindre lumière. J’espérais une lumière dorée, un contraste saisissant, quelque chose d’éclatant à immortaliser.
Mais au lieu de cela, j’ai eu du vent. Et de la pluie. Beaucoup de pluie. Une alerte orange vague de submersion. Autant vous dire que je n’étais pas prête pour ça. J’ai eu l’impression d’être en Bretagne et non au Portugal, trempée jusqu’aux os, le vent m’assourdissant, la pluie me frappant sans cesse. Il m’est même arrivé de chercher des vols pour rentrer plus tôt, pensant que c’était peut-être une erreur, que je n’étais pas faite pour ça. Mais les prix des billets de retour étaient exorbitants, et je me suis retrouvée coincée, face à cette situation que je n’avais pas anticipée.

Les trois premiers jours, l’idée du voyage solo m’a paru insurmontable. Je me disais que ce n’était pas pour moi, que la solitude me pesait trop. Le matin, je partais à la découverte des rues de Porto, mais tout semblait différent de ce que j’avais imaginé. La ville était belle, oui, mais il me manquait quelque chose, quelqu’un avec qui partager ces moments. Au fond, c’est une forme de solitude qui se mêlait à la beauté du lieu. Mais au bout de trois jours, un changement subtil s’est opéré. Un matin, le ciel a commencé à se dégager. Un rayon de soleil a percé les nuages. Ça n’a pas duré longtemps, à peine deux heures, mais ça a suffi. C’était comme un petit miracle.
Puis le quatrième jour est arrivé, et avec lui, un beau ciel bleu. Le soleil a fait une apparition discrète, mais persistante. C’est là que quelque chose a changé en moi. En dehors de la météo, c’était mon état d’esprit qui avait évolué. Le poids de la solitude s’était allégé. La ville m’offrait une nouvelle perspective, un autre regard. Ce n’était plus un défi à surmonter, mais une invitation à explorer à mon rythme, sans pression. J’ai mangé seule dans un restaurant pour la première fois. Ce moment, aussi simple soit-il, a été un tournant. Ce n’était plus un poids, mais une expérience enrichissante. Je n’étais plus mal à l’aise, je me suis même sentie fière de ce moment de calme.
Le cinquième jour, le soleil est enfin resté. C’était un peu comme la récompense après les quatre jours de pluie et de doute. Je me suis sentie plus sereine, plus ouverte à l’expérience, prête à savourer chaque instant. Et alors que je faisais mes derniers pas dans les rues de Porto, je me suis surprise à penser que, finalement, voyager seule, c’était quelque chose que je pourrais refaire. Il m’a fallu ces quelques jours de pluie, de solitude, de réflexion pour comprendre que, parfois, il faut savoir s’accepter, être seul avec soi-même, et c’est là qu’on apprend véritablement.
Ce voyage, ce n’était pas seulement une échappée belle sous le soleil. C’était un apprentissage. Il m’a appris à accueillir l’imprévu, à embrasser les moments de doute et de solitude, et surtout, à prendre le temps d’apprécier la beauté de l’instant. La pluie, la solitude, les imprévus… tout cela fait partie du voyage. Au final, il m’a prouvé que même dans les moments les plus difficiles, il y a toujours une leçon à tirer, et que parfois, les voyages les plus inoubliables ne sont pas ceux qu’on a parfaitement planifiés, mais ceux où on se laisse porter par ce qui arrive, en restant ouvert à tout ce que la vie a à offrir.









Alors, oui, le voyage en solo peut être intimidant, déroutant et plein de doutes, mais il peut aussi être incroyablement libérateur. Et qui sait ? La prochaine fois, peut-être que je reviendrai au Portugal, prête à tout affronter, avec plus de confiance, mais toujours ouverte à l’aventure.